lundi 13 décembre 2010

Les entreprises peuvent recruter sur Facebook

Fort de ses 20 millions d'utilisateurs en France, le réseau social américain gagne l'intérêt des recruteurs. Des applications permettent maintenant d'y approcher ses futurs salariés. Celle de la start-up franco-américaine Work4Labs fait un carton.



Sur la page Facebook de L'Oréal, un nouvel onglet est apparu ces derniers mois entre les rubriques "mur", "informations" et "discussions", bien connues des utilisateurs du réseau social. Son nom: "Work for us", travailler pour nous. Son rôle : créer un espace parfaitement intégré dans le design du réseau social pour publier des offres d'emploi et permettre aux candidats de postuler en ligne.



Six mois après son lancement par Work4Labs, une start-up franco-américaine, l'application a conquis 4500 entreprises -dont 350 en France- parmi lesquelles Accenture, PwC ou American Apparel. La société gagne près de 1000 nouveaux clients par mois selon Stéphane Le Viet, son cofondateur.
"On s'est rendu compte que les entreprises, qui sont maintenant presque toutes présentes sur Facebook, voulaient exploiter le réseau pour leur recrutement", explique t-il. Pour la start-up, le modèle est déjà rentable : les entreprises versent entre 9 et 799 dollars par mois pour utiliser l'application, suivant les nombres d'offres dont elles ont besoin. Côté recruteur, l'application doit permettre d'approcher de possibles futures recrues et si possible les "candidats dormants" : ceux qui sont déjà en poste mais ne diraient pas non à une offre attractive, bien ciblée, voire recommandée par leur entourage. "Ces gens là n'iront pas sur les sites d'emploi. Avec ce système, ils ont accès aux offres des entreprises qui les intéressent sans avoir à sortir de Facebook. Un système de cooptation se met aussi en place naturellement, les offres deviennent virales, les utilisateurs les recommandent à des centaines "d'amis"", explique Stéphane Le Viet.

Postuler sans quitter Facebook

En 2008, l'application "Work with me" partait du même principe : les entreprises inscrites proposaient à leurs salariés de diffuser à leurs contacts les offres d'emploi du groupe. "Avec la page institutionnelle, c'est l'un des deux principaux moyens pour un recruteur de diffuser ses offres sur Facebook", commente Thomas Delorme, délégué général de TMPNeo, l'agence de communication RH à l'origine de "Work with me". Pour lui, les deux approches sont complémentaires parce qu'elles reposent sur deux logiques de consommation de contenus. "Sur une page de fans, on se rapproche d'un site d'entreprise, mais comme Facebook devient une porte d'entrée sur internet, on peut approcher les candidats sans qu'ils aient à quitter leur réseau", explique t-il. Les recommandations des amis ne permettent pas de toucher les masses, mais "les futurs candidats auront plus tendance à se reconnaître dans une offre si elles vient de quelqu'un en qui ils ont confiance", poursuit Thomas Delorme.

47% des recruteurs

Les réseaux sociaux n'occupent encore qu'une place limitée parmi les autres outils de recrutement. Une enquête du site Régionsjob menée fin juin auprès de 157 recruteurs montrait que 47% d'entre eux les utilisaient, presque au même niveau que les cabinets de recrutement ou la cooptation, mais loin derrière les sites RH d'entreprise (61%) et surtout les sites emploi ou "jobboards" (88%). L'étude relativise aussi la portée de Facebook et de ses alter ego pour dénicher les perles rares : "Le principal problème des réseaux sociaux [est] qu'ils sont peu utilisés par les profils pénuriques qui n'ont aucun mal à trouver un emploi sans passer par eux."

Mais 24% des recruteurs ont tout de même déjà effectué un recrutement via un réseau social. Et le bénéfice pour l'entreprise ne tient pas qu'au nombre d'embauches signées. "L'un des risques est même d'inonder les réseaux sociaux d'offres d'emploi. Il faut penser à élargir les contenus, en utilisant ces plateformes pour communiquer aussi sur les métiers de l'entreprise ou les problématiques traitées. Les offres arrivent dans un second temps", estime Thomas Delorme.

C'est d'ailleurs ce que fait L'Oréal. "Sur un site professionnel comme Linkedin, on y va pour chasser. Mais Facebook permet surtout de créer une communauté interactive qui donne de la modernité à la marque employeur et contribue à une meilleure connaissance du groupe", assure François de Wazières, son directeur international du recrutement. Difficile donc d'avoir une idée précise du nombre de candidats recrutés via le réseau. "Mais on sait que c'est un vecteur clé qui va prendre de plus en plus d'importance, conclut François de Wazières, et nous allons continuer à miser dessus."

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